Histoire de la Cigar Box Guitar

Histoire de la Cigar Box Guitar

Histoire de la Cigar Box Guitar

La cigar box guitar n’est pas qu’un simple instrument bricolé : c’est un symbole de débrouille et de créativité musicale, intimement lié au blues et à la culture populaire américaine.

XIXᵉ siècle : les origines

Vers 1840–1860, les boîtes de cigares en bois deviennent courantes aux États-Unis.

Dans les régions rurales et pauvres, beaucoup n’ont pas les moyens d’acheter des instruments.

Des guitares rudimentaires apparaissent, faites de boîtes de cigares, manches de balais et fils de fer.

Le diddley bow, monocorde d’inspiration africaine, est l’ancêtre direct de la cigar box guitar.

Début du XXᵉ siècle : l’école du blues

De nombreux musiciens de blues font leurs premières armes sur ces instruments bricolés.

Ils perfectionnent le jeu au slide, idéal pour des guitares à 1, 2 ou 3 cordes.

Quelques noms marquants :

    • Blind Willie Johnson (1897–1945), pionnier du gospel blues, aurait appris sur un diddley bow.

    • Lightnin’ Hopkins (1912–1982), bluesman texan, commence enfant sur une cigar box guitar.

    • Big Bill Broonzy (1893–1958), raconte que sa première guitare était une cigar box.

Années 1930–1950 : la transition

Après la Grande Dépression, des guitares bon marché (Stella, Harmony, Kay) deviennent accessibles.

La cigar box guitar reste présente dans les foyers pauvres, mais décline.

Beaucoup de bluesmen conservent néanmoins ce souvenir d’un premier instrument "fait maison".

Déclin et oubli (1950–1980)

Avec l’essor des guitares électriques, les cigar box guitars passent pour de simples jouets.

Elles survivent surtout dans la mémoire des anciens musiciens de blues du Delta.

Renaissance moderne (1990 à aujourd’hui)

À partir des années 1990, la cigar box guitar renaît grâce au mouvement DIY (Do It Yourself) et au retour du blues roots.

Seasick Steve (né en 1951), musicien américain devenu star en Europe, popularise le jeu sur cigar box guitar dans ses concerts.

Jack White (The White Stripes) utilise une guitare artisanale inspirée des cigar box dans le documentaire It Might Get Loud (2008).

Justin Johnson, virtuose moderne, est aujourd’hui l’un des plus grands ambassadeurs mondiaux de la cigar box guitar.

Samantha Fish, guitariste et chanteuse de blues-rock, intègre régulièrement la cigar box guitar dans ses concerts, apportant une énergie unique et prouvant que cet instrument n’a pas de frontière de genre.

Héritage et symbole

La cigar box guitar incarne :

L’ingéniosité populaire : faire de la musique avec presque rien.

L’authenticité du blues : un son brut, expressif, chargé d’histoire.

Le renouveau artisanal : aujourd’hui, des milliers de luthiers et musiciens fabriquent et jouent ces instruments partout dans le monde.

La cigar box guitar n’est pas seulement un instrument : c’est une part d’histoire du blues et de la culture populaire américaine, toujours vivante et réinventée au XXIᵉ siècle.